Marguerite Maréchal

CORPS SANS TENSIONS

Vues de l’exposition Décollage au centre d’art Polaris à Istres
Octobre – Décembre 2023

Photographies par ©JCLett

“ L’épuisé, c’est beaucoup plus que le fatigué. « Ce n’est pas de la simple fatigue, je ne suis pas simplement fatigué, malgré l’ascension. » Le fatigué ne dispose plus d’aucune possibilité (subjective) : il ne peut donc réaliser la moindre possibilité (objective). Mais celle-ci demeure, parce qu’on ne réalise jamais tout le possible, on en fait même naître à mesure qu’on en réalise. Le fatigué a seulement épuisé la réalisation, tandis que l’épuisé épuise tout le possible. Le fatigué ne peut plus réaliser, mais l’épuisé ne peut plus possibiliser. « Qu’on me demande l’impossible, je veux bien, que pourrait-on me demander d’autre ? ». Il n’y a plus de possible : un spinozisme acharné. Epuise-t-il le possible parce qu’il est lui-même épuisé, ou est-il épuisé parce qu’il a épuisé le possible ? Il s’épuise en épuisant le possible, et inversement. Il épuise ce qui ne se réalise pas dans le possible. Il en finit avec le possible, au-delà de toute fatigue, « pour finir encore ». ”

L’Épuisé, Gilles Deleuze

Description de la pièce :
Un très long calque est déroulé sur le mur. En longueur il fait environ 7 mètres, et en largeur il mesure 35 centimètres. Tout le long de ce calque des corps sont dessinés : ce sont des corps extraits de la plage, dans des positions de repos et de délassement. Allongés, assis, à demi couchés en appui sur un bras, ces corps nous tournent le dos. Les positions se répètent, mais aucun dessin n’est identique à un autre. Le pastel bleu utilisé s’efface à certains endroits pour se réimprimer à d’autres, cela crée de très légères superposition de corps.